Et si le non l’emportait ?

mars 2005

Et si le non l’emportait ? Depuis Maastricht en 1991, l’Europe se pose la question de l’équilibre des pouvoirs des Etats : quelle place faire à la démographie, comment éviter l’écrasement des petits pays, comment rendre gouvernable un ensemble hétérogène sans froisser les pays moyens. A Nice, en 2000, un accord bâclé menaçait de paralyser l’Europe, le traité constitutionnel corrige cette erreur.

Un Non au référendum représente donc d’abord un formidable gaspillage d’énergie politique, 10 ans de travaux n’auront servi à rien. De surcroît, ce Non serait de piètre augure pour le futur. Or l’Europe d’aujourd’hui est en panne, économiquement, institutionnellement et politiquement. Sa croissance est atone, les objectifs ambitieux formulés à Lisbonne sont restés lettre morte, sa gouvernance macroéconomique est inefficace tiraillée entre une BCE figée et des gouvernements nationaux qui tirent à hue et à dia.

Au total le Non réalise une singulière alliance entre les vrais libéraux qui ont toujours craint la formation d’un Super-Etat Européen bureaucratique, régulateur et interventionniste et les socialistes radicaux champions de l’Etat redistributif et volontariste. Qui peut croire que d’une telle alliance peut naître un renouveau européen et qui ne voit à l’inverse qu’en l’absence d’accord politique la dynamique de marché imposera sa loi.


Voir en ligne : Le Nouvel économiste