Société Générale : la direction pouvait-elle tout ignorer ?

lundi 28 janvier 2008

Oui :

Un trader qui, après plusieurs années passées dans le back office, connaît parfaitement les procédures de contrôle informatique, maîtrisant tout autant les contrôles aléatoires que systématiques, ainsi que ceux réalisés par les équipes du contrôle des risques, peut techniquement prendre des positions et les loger dans des comptes en attente, ou parallèles à ceux de la banque, sans que personne ne le voit. En faisant systématiquement rouler ses positions avant l’échéance des contrats, il pouvait très bien passer au travers des mailles des procédures de contrôle. Et en augmentant sa mise pour combler ses pertes et échapper ainsi aux appels de marges de la chambre de compensation, il a fait petit à petit grossir ses positions sans jamais avoir à faire débourser de l’argent à la banque. D’autant que le mécanisme des compensations des pertes et des gains sur les contrats à terme fonctionne par établissement, et non par trader. Ce qui signifie que ses pertes, s’il en avait, pouvaient être compensées par les gains de la banque sur d’autres portefeuilles, et ainsi être quasi invisibles pour la chambre de compensation. Par leur ampleur, ces positions devaient-elles nécessairement être détectées ? Pour être importantes dans l’absolu, les sommes de 50 à 70 milliards d’euros doivent être relativisées dans une activité qui vit sur de très faibles marges réalisées sur des volumes colossaux que traitent quotidiennement les traders : souvenez vous que le fonds LTCM avait 1200 milliards de positions pour 5 milliards de fonds propres. En clair, la direction a très bien tout ignorer pendant quelques semaines. Ce qui peu crédible, c’est que le trader ait pu agir en toute impunité pendant plus d’un an. De même l’argument de la faute à pas de chance ne tient pas, c’est la décision de dénouer brutalement et massivement les positions du trader qui sont à la source des pertes massives constatées.


Voir en ligne : La Tribune