C dans l’air : Sarko dégraisse les mammouths
mercredi 9 avril 2008
La réforme de l’Etat et la révision générale des politiques publiques sont lancées. Une salve de 166 mesures qui doit faire économiser 7 milliards d’euros d’ici 2 011 et qui pourrait être complétée d’ici cet été par un train de réformes comparables.
Quelques semaines après les élections municipales et la publication du déficit public, l’heure est à l’économie. Nicolas Sarkozy a présenté, à l’issue du Conseil de modernisation des politiques publiques, vendredi 4 avril 2008, 166 mesures visant à réduire les dépenses budgétaires publiques et renforcer l’efficacité de la fonction publique.
Un tour de vis destiné à faire économiser à l’Etat 7 milliards d’ici 2011 et qui proviendra, pour moitié, par le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Au total, 105 000 emplois devraient être supprimés sur l’ensemble de la fonction publique à l’exception de la santé. Le nombre des suppressions de postes à l’Education nationale, qui emploie près de la moitié des agents de l’Etat, n’est pas encore arrêté mais devrait être "conséquent", selon les déclarations de Xavier Darcos sur le plateau de "C à dire ?!".
Par ailleurs, une trentaine de structures d’administration centrale ou d’organismes divers devraient être supprimées en rapprochant celles-ci aux missions complémentaires, comme ce fut le cas avec la fusion des services statistiques du ministère de l’Industrie avec ceux de l’INSEE. Les structures de l’Etat vont de plus être réduites à huit directions régionales.
La seconde moitié des économies proviendra, pour l’essentiel, de la révision des grandes politiques d’intervention économiques et sociales, qui mobilisent 464 milliards d’euros par an. Logement, emploi, santé... toutes sont passées au crible et, le cas échéant, rabotées, comme en matière de logement social, où les plafonds de ressources permettant d’avoir accès à une HLM seront désormais indexés sur l’indice des prix à la consommation et non plus sur le Smic et abaissés de 10 %. Ce qui ramènera l’ouverture du parc social à 60 % de la population, contre 70 % aujourd’hui.
Pour les locataires dont les revenus dépassent les plafonds, les surloyers seront relevés et les aides à l’investissement locatif (Robien et Borloo) seront "recentrées pour prévenir les effets d’aubaines". Enfin, les aides personnelles (APL, allocation logement) devront mieux "bénéficier à ceux qui en ont le plus besoin".
En matière de santé, des Agences Régionales de Santé (ARS) seront créées et géreront aussi bien la prévention, l’éducation à la santé, l’organisation des hôpitaux, les soins de ville, la régulation des dépenses et les maisons de retraite.
Autres changements annoncés : la création d’une direction ministérielle unique ayant autorité sur toutes les caisses de Sécu (la Mutualité sociale agricole relève jusqu’ici du ministère de l’Agriculture) et le regroupement en grands pôles d’une douzaine d’agences sanitaires, dont la Haute Autorité de santé, l’Institut du cancer, l’Agence de biomédecine, l’AFSSA (alimentation), l’AFSSAPS (médicaments), l’AFSSET (santé au travail), l’INPES (éducation à la santé), l’INVS (crises sanitaires).
Et dans le domaine de la défense, l’inquiétude monte dans les casernes, les garnisons et même les états-majors depuis que plusieurs "fuites" sont parues dans la presse : un pré-rapport, publié par le site Internet du Point, préconisait, fin mars, la suppression de 35 000 emplois de soldats entre 2008 et 2014, ainsi que l’externationalisation de près de 16 800 emplois civils de l’armée.
Un autre rapport, émanant de l’armée de Terre et publié par Libération évoque la suppression de 53 garnisons d’ici à 2012. Une perspective qui inquiète les villes qui accueillent aujourd’hui ces garnisons.
(France 5)
Les invités :
– Christophe Barbier
– Elie Cohen
– François Chérèque
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